Citoyen 3.0 – Quel citoyen pour l’ère digitale?

Identité: 183564
Génération: Z
Composition: singulière (bionique)
Provenance: univers
Droits: illusoires
Devoirs: ne pas poser de questions

Ce profil relève de la science-fiction, à moins que ce ne soit de la prospective court-termiste?
Dernièrement, les révolutions techniques et scientifiques nous plongent dans un monde futuriste. Les voitures se conduisent seules, l’ADN se manipule, le super ordinateur Watson bat le champion d’échecs avant d’exceller au diagnostic médical et de créer de nouvelles recettes de cuisine. Le poulet au Nutella ça ne vous tente pas?!
A l’ère digitale, la vraie question essentielle devient: quelle place pour l’humain?
L’enfant à l’école apprend par cœur des réponses, l’étudiant remet en cause l’utilité des études, le jeune actif risque vite le burnout, le travailleur se désengage ou fait le dos rond en s’accrochant à son statut de consommateur, le chômeur se voit privé de statut économique et social, et le citoyen… s’ignore.
Dans un monde où tout s’accélère, nous restons étourdis sur le bas-côté de l’autoroute de l’innovation. Tout avance, sans nous.
Les frontières physiques, biologiques, numériques sont repoussées au quotidien sous le contrôle d’une nouvelle élite mondiale. On nous dit que l’ère digitale est pleine d’opportunités, seulement nous manquons de modes d’emploi pour les saisir, voire même nous en sommes volontairement éloignés.

En Septembre 2012 au Cap, j’ai eu l’honneur de rencontrer Mamphela Ramphele, ancienne Présidente de la Banque Mondiale. Nous échangions sur l’éducation au 21ème siècle et elle me dit: « la majeure partie des Sud-Africains ne peuvent pas être des citoyens, ils ignorent ce qu’est la démocratie ».
Remarque simple, évidente, bouleversante. Savons-nous encore ce qu’est la démocratie? Pensons-nous à ce qu’elle devrait être?

Voilà pourquoi la crise des systèmes éducatifs est plus dangereuse qu’il n’y paraît. Nous la croyons grave par peur de manquer de main d’œuvre correctement formée pour alimenter la croissance, nous redoutons la hausse du chômage, mais nous n’y associons pas forcément la question politique.
L’ère digitale nous rappelle à quel point l’Homme, ses liens économiques, et ses règles de vivre ensemble sont liés. Aujourd’hui l’avenir se construit sur les prophéties réalisatrices de quelques-uns, laissant pour compte la majorité qui s’en soucie de moins en moins.
Le constat est là: le citoyen du 21ème siècle n’existe pas, pas encore.

Loin d’être affligeante cette nouvelle doit être l’occasion d’un renouveau partagé. C’est le moment d’imaginer les moyens d’investir dans le potentiel humain.

Certains pionniers sont déjà engagés dans la définition d’une citoyenneté positive.
Les uns pensent l’économie de façon plus collaborative et promeuvent entre autres le crowdfunding; les autres inventent des programmes pédagogiques en ligne en misant sur l’intelligence collective.

La création de contenus et d’outils pour mieux nous insérer dans le monde numérique bat son plein. Nous créons de l’information et retrouvons ainsi peu à peu une voix propre. Voilà une disruption citoyenne majeure de notre ère: nous sommes devenus des agents émetteurs et c’est en cela que nous avons gagné de la valeur. Nous produisons et sommes nous-même la source de nouvelles ressources terrestres, non sans danger.
Prenons Singapour par exemple: parmi les 1ères puissances mondiales au classement PISA pour l’éducation, mais recensant aussi des taux très élevés de suicides chez les jeunes.

L’Homme créateur d’information et donc de richesse collective devient vite une ressource exploitable et exploitée. On remarque d’ailleurs que les compétences prisées pour le citoyen de demain sont la créativité, l’esprit d’initiative, la polyvalence, ou encore la capacité d’expérimentation – l’Humain carburant?!
Pour autant, si le potentiel humain est revalorisé, il ne nous appartient complètement que lorsqu’il est maîtrisé.

A l’heure de la big data et de l’open data, l’émergence du citoyen 3.0 passera par le développement de moyens de gestion de l’information produite et partagée positivement par la multitude. Le seul « accès à » ne suffit plus. La démocratie du nouveau millénaire dépendra de notre capacité, individuelle et collective, à faire sens à partir des données à notre disposition.

Je me suis engagée pour l’égalité des chances et l’émergence d’une citoyenneté consciente et porteuse de sens il y a plus de 7 ans. Je questionne l’avenir de l’éducation et de l’emploi, je cherche à mettre le digital au service du potentiel humain et ai ainsi créé l’association Cartes Blanches. Celle-ci entend remettre l’humain au cœur de la révolution numérique en accompagnant familles et organisations dans la gestion des parcours professionnels et de formation. En optimisant nos orientations nous canaliserons nos potentiels au bénéfice du bien commun.

Le modèle du citoyen de l’ère digitale n’existe pas et c’est une chance, celle de le créer de façon multiple et personnalisée. La question de l’orientation est centrale au futur de nos démocraties. En permettant à chacun de construire son chemin, avec sens – commun -, nous faciliterons l’éclosion d’une société mondiale soucieuse d’elle-même et capable d’investir stratégiquement dans son avenir.

Le premier mot le plus souvent dit par les enfants est « pourquoi ». Et si nous comprenions « pour quoi »?

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